Le président du Forum de l’Eurométropole veut réduire le fossé sur la marché de l’emploi
Depuis un an il est le président du Forum de l’Eurométropole. “Deux ans, c’est court”, soupire Sébastien Poliart, “Le temps passe vite, surtout quand il faut réaliser les projets en actions concrètes. ” Nous nous rencontrons au Ramdam Festival à Tournai. “Savez-vous que tous les films sont sous-titrés dans les deux langues? Tous les Flamands…
Le Ramdam Festival bat son plein et je me retrouve attablé avec mon invité dans le bar d’Imagix à Tournai. Notre conversation est interrompue par de nombreux coups de fil, des sms, des collègues et des amis qui viennent le saluer. Sébastien tel qu’il est: affairé, aimable et abordable. Depuis un an il est le président du Forum de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai. Le Forum réunit les avis de la société civile sur des projets de l’Eurométropole. Le Forum agit de façon autonome et est apolitique. L’Institution de l’Eurométropole – qui réunit gouvernements des trois régions – est politique.
“ Nous devons prendre les choses en main”
A ses débuts le Forum travaillait comme organe émettant des avis, à présent il y a une collaboration avec les politiciens ainsi qu’avec les fonctionnaires au sein de l’Eurométropole. “ Mais nous devons aussi prendre les choses en main”, trouve Sébastien, “Prenons l’exemple des Repair Cafés. Ce sont les citoyens qui prennent l’initiative. C’est ce vers quoi nous voulons tendre: accompagner et rassembler les nombreuses initiatives issues du terrain. Si possible avec l’Eurométropole, mais nous pouvons très bien nous-mêmes les mettre en place.”

“ L’Eurométropole pourrait être un laboratoire”, dit Sébastien Poliart, “J’aimerais que les gens viennent à une réunion du Forum et rentrent chez eux avec un sentiment d’avoir contribué à leur région, d’avoir fait avancer les choses. Il faut que la demande émane de la base. Il reste des thèmes à aborder et nous pouvons répondre aux demandes.”
“ Plus tard dans la soirée nous allons nous réunir avec les gens du Forum. Nous avons déjà eu quelques brainstormings sur ce que nous désirons réaliser. Maintenant il nous faut traduire ses idées en groupes de travail: la mobilité, l’espace bleu-vert, l’éducation, la communication de l’Eurométropole et la culture. Puisque nous sommes bénévoles, nous planifions nos réunions en soirée, afin de permettre à un plus grand de nombre de personnes d’y assister”
Sébastien Poliart est bénévole depuis toujours. Pendant plus de vingt ans il a été bénévole à la Croix-Rouge de Tournai. Pour l’instant il s’investit dans le Forum: “ Quand je parle avec mes amis, je me rends compte qu’ils ne connaissent pas l’Eurométropole. Cela me désole. Il y a tant d’opportunités à saisir. Le travail et la formation sont mes dadas. J’aimerais qu’il y ait dans l’Eurométropole un aperçu de toutes les offres de formation, promotion sociale incluse. Il faut motiver les gens à se former, au delà des frontières. Se former continuellement nous rend plus fort sur le marché de l’emploi. Un marché de l’emploi sans frontières. Nous devons sortir de notre zone de confort.”
Sébastien a sa propre entreprise et maîtrise le sujet. ”Il n’est pas si difficile d’entreprendre de l’autre côté de la frontière, il faut se lancer, voilà tout. Des organisations sont là pour vous aider et pour vous accompagner. Ici, à Tournai, les entrepreneurs se tournent facilement vers Bruxelles. Je leur suggère de d’abord regarder en direction de Roubaix ou de Tourcoing. C’est plus près.”

Résoudre les problèmes du quotidien
Connaître, se connaître, voir des opportunités et les saisir. Les citoyens ne connaissent pas toujours les avantages de notre région transfrontalière. Je pense par exemple au dispositif de tarif réduit pour les trajets sur la ligne ferroviaire entre Tournai, Lille et Courtrai. Mais je comprends. Les gens se sentent Européens, Belges, Français, Wallons ou Flamands, ils habitent dans une commune. Vient s’y ajouter l’Eurométropole. Cela fait beaucoup d’identités et de cadres de référence. Néanmoins, nous devons investir dans l’Eurométropole. Les Anglais ne sont-ils pas perdants au Brexit? Se couper n’est pas une solution, bien au contraire, il faudrait plutôt effacer les frontières.
“ Travailler pour la région transfrontalière implique résoudre les problèmes du quotidien. Je pense aux trains, à la reconnaissance des diplômes, aux programmes de formation qui doivent être adaptés. Aider les gens à trouver un travail. Dans mon entreprise je travaille avec des stagiaires de toutes les formations et je suis ravi de les recruter dans notre région.
Le défi de la langue
“J’arrive à parler et à comprendre une conversation simple en néerlandais mais c’est compliqué. Et pourtant: c’est important “ me dit Sébastien Poliart. “Les langues sont le défi du futur. Les francophones devraient savoir parler le néerlandais dans un environnement néerlandophone et vice versa.”
Le deuxième défi d’après Sébastien est la transformation digitale. “La transformation digitale affectera le marché de l’emploi. La formation continue ainsi que les formations de qualité devraient évoluer en réseau. Je remarque un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi. Les étudiants français ont trouvé le chemin vers la Belgique mais on peut encore mieux faire. “

L’interview terminé c’est le Forum qui commence. Le groupe de participants est hétérogène et discute de toutes choses. Des jeunes et des moins jeunes, hommes et femmes, mais peu de diversité ethnique ou culturelle. Des fanions à thèmes sont disposés dans la salle. On discute. Sébastien Poliart va de groupe en groupe, rayonnant.
Le Forum de l’Eurométropole n’est pas une cérémonie poussiéreuse mais une rencontre dynamique entre sympathisants oeuvrant pour une plus belle région transfrontalière.
Bart Noels